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Jeunes, informatique et entreprise : un décalage croissant entre offre et demande des compétences

Les jeunes de la génération Y sont-ils tous “branchés Internet” ?  Sont-ils mieux préparés aux exigences technologiques croissantes des entreprises que leurs aînés ?

La réponse est beaucoup plus complexe et nuancée qu’on ne pourrait le croire.  C’est l’objet d’une étude que vient de publier la Fondation Travail Université pour le compte du SPP Intégration.

Les auteurs – Périne Brotcorne, Luc Mertens et Gérard Valenduc – y démontrent que, non seulement  tous les jeunes ne sont pas connectés, mais surtout que leurs pratiques d’Internet diffèrent du tout au tout et ne les préparent pas forcément aux exigences des entreprises en matière de compétences informatiques.

1. Ces jeunes, qui sont-ils ?

Les jeunes de 16-25 ans représentent 12 % de la population belge. 62,5 % d’entre eux sont étudiants, 27,5 % travaillent, 6,4 % sont au chômage et 3,6 % sont inactifs non-étudiants.

Du point de vue du statut, on peut distinguer 2 sous-groupes : les 15-19 ans, dont une majorité (90%) est encore aux études – et les 20-24 ans, dont seulement un tiers fréquente les bancs de l’université ou des hautes écoles.

Les disparités régionales sont importantes puisque sur 100 jeunes qui sortent de l’école entre 15 et 19 ans, 63 % de jeunes wallons n’ont pas le diplôme d’études secondaires pour 49 % de jeunes flamands… Pour les jeunes 20-24 ans, la proportion de jeunes ayant un niveau de qualification faible est de 40% à Bruxelles, 26% en Wallonie et 18% en Flandre.

On estime à 10 % les jeunes de 16-25 ans souffrant d’illettrisme. En Communauté française, les 16-25 ans représentent 14% du public des formations en alphabétisation de Lire et Ecrire !

Je trouve cela interpellant : tous ces jeunes sont à peine sortis de l’école et ils ne savent déjà plus lire (ou pas encore !).  Et ce n’est pas par manque de motivation,  puisqu’ils s’inscrivent dans une asbl d’alphabétisation, malgré la difficulté que doit représenter le fait de se dire illettré et d’apprendre avec des adultes qui, pour certains, n’ont jamais été scolarisés ou à peine !  Cela signifie donc que le désir d’apprendre existe, mais qu’il n’a trouvé aucun écho tout au long de la vie scolaire.  Il y a là de quoi se poser de sérieuses questions sur la qualité de notre enseignement et, en particulier, sur l’adéquation entre les pratiques scolaires et l’appétence des jeunes pour l’étude…

2. Quelle est la pratique Internet des jeunes ?

On estime à 4% les 16-24 ans qui n’ont jamais utilisé (2% en Flandre, 7% en Wallonie et 9% à Bruxelles) un ordinateur et à 5% ceux qui n’ont jamais touché à Internet (2% en flandre, 8% en Wallonie et 10% à Bruxelles).

Mais le niveau d’études modifie sensiblement la donne, puisque chez les moins diplômés (pas le secondaire supérieur) ils sont 8% à n’avoir jamais surfé.

Si on examine l’assiduité à Internet, on constate que 75% des jeunes sont des utilisateurs réguliers (presque tous les jours) 16% l’utilisent de manière épisodique (pas dans les derniers trois mois) et 9% ne l’ont pas utilisé dans l’année précédente.

Selon une enquête Statbel (2007), 4 motifs principaux sont invoqués par les jeunes non-utilisateurs sont les suivants :

  • matériel trop cher (51%)
  • Internet pas nécessaire (31%)
  • frais de connexion trop élevés (27%)
  • manque de compétences informatiques (30%).

Pour ce dernier motif, on observe des divergences énormes et inquiétantes : 24% en Flandre, 20% en Wallonie et 68% à Bruxelles !!!

Le domicile reste le lieu essentiel d’utilisation d’Internet pour les jeunes : 92% d’entre eux, avec peu de variation selon l’âge et le statut.

L’utilisation d’Internet sur le lieu de travail varie également selon le niveau d’étude :

  • enseignement supérieur : deux jeunes sur trois
  • secondaire supérieur : un jeune sur trois
  • secondaire inférieur : un jeune sur quatre

L’Internet à domicile est lié à ce que les auteurs appellent une “culture en chambre”, la chambre étant le lieu où de nombreux jeunes passent l’essentiel de leur temps. On compte 61% des jeunes 18-21 ans pour 68 % des jeunes 22-25 ans qui surfent dans leur chambre…

Selon diverses estimations, entre 14 et 22% des jeunes vivent dans des familles non-connectées, les familles monoparentales étant particulièrement défavorisées.

Demain, la suite : les pratiques Internet des jeunes et les exigences des entreprises.

Vous pouvez télécharger le rapport intégral sur le site de la Fondation Travail Université

5 réponses sur « Jeunes, informatique et entreprise : un décalage croissant entre offre et demande des compétences »

Merci, Alain, pour ce commentaire chaleureux.

Oui, nous nous faisons beaucoup d’idées, préconçues sur les jeunes…
La fondation Travail Université fait un travail remarquable. Je les suis depuis une vingtaine d’années. Ils avaient alors publié l’un des premiers livres sur le télétravail en Belgique.

Ce qui m’interpelle vraiment, dans cette étude, c’est la situation des jeunes de Bruxelles. C’est aussi la région qui connait le taux de chàmage des jeunes le plus important de Belgique, 30% pour les 18-25 ans. Lors d’une mission pour Bruxelles-Formation, fin 2008, j’avais déjà constaté avec étonnement que la plupart des jeunes qui fréquentaient les formations étaient farouchement unilingues… Ce qui dans une capitale internationale est un sérieux handicap.

Il y a encore beaucoup de travail en perspective pour les éducateurs – au sens large du terme.

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