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Jeunes, informatique et entreprise : un décalage croissant entre offre et demande des compétences (2)

Dans l’article précédent, nous avons vu que les jeunes étaient loin d’être tous aussi connectés que ne le pensent généralement les adultes.  Aujourd’hui, nous allons continuer l’exploration de l’étude de la Fondation Travail Université et voir plus en détail quelles sont les disparités entre les pratiques des jeunes sur Internet et, surtout, quel est le décalage existant entre les compétences réelles des jeunes et les attentes des acteurs institutionnels : écoles, aide à la jeunesse et entreprises.

La génération des natifs numériques

Les 16-25 ans forment la première génération née dans le “tout numérique”.  Ils se sont massivement appropriés les nouvelles technologies et certains auteurs les considèrent même comme “hypercommuniquants”, en référence à leur consommation vorace de SMS, MMS, mails, MSN, Google et autres médias sociaux…

Ce phénomène a d’ailleurs attiré l’attention du public et des autorités sur deux dimensions des pratiques numériques de jeunes : d’une part, leur aisance apparemment “naturelle” à évoluer dans un univers mouvant et pluridimensionnel (les “screenagers”), d’autre part sur les dangers supposés (surconsommation, harcèlement, danger d’assuétude aux jeux, etc.) engendrés par une présence quasi-continue en ligne.

Les études concernent surtout les adolescents de 11-18 ans, avec une relative imprécision sur les âges et prennent rarement en compte le statut économique et social des jeunes : on les considère comme des adolescents prolongés sans envisager la transition entre les études et la vie professionnelle.

Cette manière de voir engendre également un biais de taille : en dépeignant la génération des “natifs numériques” comme une masse uniforme de jeunes prodiges des médias, on oublie toute une frange de la population qui vit une réelle exclusion de cet univers numérique.

Mais il est vrai que cette fracture numérique est plus subtile et moins apparente chez les jeunes que chez les adultes.  Ce qui fait la différence se mesure moins en termes d’accès à Internet qu’en termes de pratiques.  Pour pouvoir comprendre ces nuances, il faut distinguer la qualité de l’accès, la forme de l’engagement et les modes d’usage.

Un jeune qui possède une connexion à haut débit dans sa chambre a un autre rapport à Internet qu’un de ses copains qui emprunte l’ordinateur d’un parent ou fréquente un cybercafé… L’utilisation pertinente et maitrisée des TIC suppose qu’on possède des connaissances et compétences cognitives qui ne vont pas de soi.  Les inégalités numériques se superposent alors à des inégalités plus classiques :  sociales, économiques, culturelles.

Une autre inégalité plus subtile encore est que leurs pratiques limitées d’Internet peut les laisser pour compte sur le marché de l’emploi alors qu’ils sont parfaitement insérés socialement…

Cette complexité de la fracture numérique chez les jeunes entraîne les auteurs à parler davantage de “zones de fracture numérique”.

Du côté des acteurs de terrain, on constate que la fracture numérique des jeunes ne fait pas partie des priorités.  Les jeunes totalement offline étant rarissimes, les situations de fracture numériques sont subtiles et concernent très peu de jeunes à la fois : on parle de “situation de quasi-déconnexion”.

Les facteurs de ces situations sont nombreux et varient selon les individus, mais on peut toutefois dégager des tendances lourdes :

  • déconnexion de parents,
  • problèmes familiaux,
  • marginalisation,
  • qualité ou organisation du logement,
  • handicap physique ou mental,
  • barrières culturelles,
  • mise à l’écart de la société (hôpital, prison, etc.).

Ces situations n’expliquent pas tout, car certains jeunes les vivent tout en étant pleinement connectés…  On est donc loin d’un fantasme de déterminisme social…  Si la pauvreté joue un certain rôle, les structures familiales, le niveau d’éducation et le milieu culturel pèsent davantage sur l’e-exclusion des jeunes.

Usage, non-usage et déconnexion

Lorsqu’on examine les usages d’Internet des jeunes, un constat s’impose : la majorité d’entre eux se limitent aux pratiques de base : communication via messagerie instantanée, emails ou téléchargement de films ou de musique.  L’utilisation de services commerciaux et/ou administratifs est nettement plus faible.

Autre surprise : si les services de bases sont utilisés partout à la même fréquence, il existe une forte disparité régionale dans l’utilisation des services spécialisés :

  • lecture de journaux en ligne : 24% en Flandre, 21% à Bruxelles, 14% en Wallonie
  • envoi et réception de courrier électronique : 91% en Flandre, 82% à Bruxelles, 76% en Wallonie
  • recherche d’information sur les biens et services : 76% en Flandre, 57% à Bruxelles, 58% en Wallonie

Mauvaise nouvelle pour la presse : alors que le format papier connait une chute vertigineuse de ses ventes, la relève numérique est loin d’être assurée…

La comparaison avec les pays voisins est encore plus marquée.

Les jeunes Belges achètent peu sur Internet : 70 % des filles de 16-25 ans n’ont jamais rien acheté en ligne pour 64% des garçons…  Soit un total de 67%, comparé aux 25% des Allemands, 44% des Français, 41% des Luxembourgeois ou 27% des Néerlandais.  Voilà qui relativise également nos idées sur le marketing on line…

Une enquête de la Jeugd Onderzoeks Platform de 2006 montre que l’activité Internet des 16-24 ans se concentre essentiellement sur 4 “fonctions” :

  • la détente (téléchargement de musique et vidéo, jeux, blogs, etc.) qui concerne surtout les garçons les plus jeunes ou les moins qualifiés;
  • l‘information (sites culturels, presse en ligne, sites touristiques, de sports, de variété, etc.)  qui est le fait des garçons les plus âgés, les mieux instruits et dont les parents travaillent;
  • la communication (messagerie classique et instantanée, téléchargement musique et vidéo, etc.) est préférée par les plus jeunes, au niveau d’instruction plus faible, dont les parents travaillent;
  • la commerciale (enchères, vente et achat en ligne, sites bancaires, recherche d’emploi, etc.)  est associée à une conjonction de facteurs  : âge, niveau d’instruction du jeune et de ses parents.

Les compétences numériques des jeunes

Une des idées reçues les plus bousculées par ces enquête est la conviction que les jeunes ont un niveau élevé de familiarité avec les NTIC et Internet en particulier.

L’enquête révèle que 36% à peine des jeunes interrogés sont capables de réaliser des tâches élémentaires sur Internet !!!

Ici aussi les disparités régionales sont très marquées mais, souvent à l’avantage des jeunes wallons :

  • gérer un blog personnel : Wallons 35%, Bruxellois 19%, Flamands, 11%;
  • protéger son ordinateur contre les virus : Wallons 46%, Bruxellois 45%, Flamands 36%;
  • poster un message sur un chatroom ou un forum : wallons 65%, Bruxellois 56%, Flamands 45%;
  • échanger des fichiers en P2P (films, musiques, jeux…) : Wallons 37%, Bruxellois 30%; Flamands 22%.

Ce qui relativise pour le moins l’image du jeune passant ses journées à pirater des films ou de la musique !!!

Si on compare les compétences des jeunes 16-24 ans avec celles des autres tranches d’âge, les jeunes sont à peine plus performants que les 25-34 ans pour l’ensemble des tâches de base sur Internet.  La différence se marque surtout pour le chat, l’échange de fichiers et les blogs, toutes activités très connotées “jeunes”.

Une fraction importante des jeunes estime que leurs capacités informatiques sont insuffisantes pour affronter les exigences du marché de l’emploi : 33%.

Beaucoup  déclarent aussi avoir acquis leurs compétences informatiques dans des réseaux informels plutôt qu’à l’école ou dans des centres de formation.  Les disparités régionales sont également très importantes à cet égard, puisque 70% des jeunes Flamands affirment avoir appris l’informatique à l’école, contre 54% des Wallons et 41% des Bruxellois.  Cette différence pourrait s’expliquer par la meilleure intégration de l’informatique à l’école en Flandre et au décrochage scolaire important en Wallonie…

On peut dire, pour résumer, que ce qui distingue les pratiques Internet des jeunes de celles des adultes, est l’importance de l’affirmation identitaire et de la socialisation, à travers médias sociaux et autres messageries.

Ils sont également beaucoup plus à même de réguler leur présence en ligne que l’on ne le croit généralement.  Ainsi, chez les 16-19 ans l’abandon volontaire d’Internet représente la moitié des situations de non-connexion…

Mais si les jeunes réalisent leurs recherches sur Internet plus rapidement que leurs aînés, ils consacrent aussi beaucoup moins de temps à vérifier et critiquer l’information récoltée. Ils recherchent plutôt des réponses spécifiques qu’une interprétation de l’information.

Les conclusions des observateurs sont préoccupantes : ils estiment que l’élargissement des capacités techologiques ne va pas de pair avec une meilleure maîtrise de l’information.  Il leur manque le “bagage critique nécessaire pour interpréter, comprendre, évaluer et gérer cette information”.

Un autre problème détecté est que les normes utilisées pour mesurer les compétences Internet des jeunes sont en décalage avec leurs pratiques.

La formation est aussi en décalage avec les attentes des jeunes : celles-ci sont souvent proposées en groupe alors que les jeunes considèrent l’informatique comme une activité individuelle.  Pour eux, c’est d’abord une expression de soi, comme l’écriture pour leurs aînés…

Plus grave, les acteurs de terrain estiment que l’école et les institutions responsables du bien-être des jeunes ont une perception faussée des compétences réelles des jeunes en matière de nouvelles technologies et donc formulent des attentes disproportionnées ou décalées à leur égard. Les travailleurs de l’aide à la jeunesse sont eux-mêmes peu formés à ces techniques.

Il manque donc une passerelle entre les jeunes, l’école, les institutions et le monde du travail. Des jeunes hypercompétents dans des jeux en ligne sont complètement démunis devant un formulaire d’une agence d’interim ou un horaire de transport en commun.  Les concepteurs de sites ne tiennent pas compte de ces spécificités du public jeune et passent donc à côté de réelles opportunités de communication.

Conclusion

Il vaut sans doute mieux parler de décalage que d’exclusion d’Internet des jeunes.  Décalage entre leur culture et leurs pratiques et les attentes des écoles, des institutions et des entreprises.

Les jeunes en quasi-déconnexion se caractérisent surtout par un usage limité d’Internet.  Ils ne sont pas capables de sortir de cet univers “e-culturel” et de franchir le chemin vers la société de l’information qui résulte de choix économiques et politiques.

Demain : dernière partie de cet article, Les mesures à envisager pour réduire ces zones de fracture numérique des jeunes.

La génération des natifs numériques

Les 16-25 ans forment la première génération née dans le “tout numérique”.  Ils se sont massivement approprié les nouvelles technologies et certains auteurs les considèrent même comme “hypercommuniquants”, en référence à leur consommation vorace de SMS, MMS, mails, MSN; Google et autres médias sociaux…

Ce phénomène a d’ailleurs attiré l’attention du public et des autorités sur deux dimensions des pratiques numériques de jeunes : d’une part, leur aisance apparemment “naturelle” à évoluer dans un univers mouvant et pluridimensionnel (les “screenagers”), d’autre part sur les dangers supposés (surconsommation, harcèlement, danger d’assuétude aux jeux, etc.) engendrés par une présence quasi-continue en ligne.

Les études concernent surtout les adolescents de 11-18 ans, avec une relative imprécision sur les âges et prennent rarement en compte le statut économique et social des jeunes : on les considère comme des adolescents prolongés sans envisager la transition entre les études et la vie professionnelle.

Cette manière de voir engendre également un biais de taille : en dépeignant la génération des “natifs numériques” comme une masse uniforme de jeunes prodiges des médias, on oublie toute une frange de la population qui vit une réelle exclusion de cet univers numérique.

Mais il est vrai que cette fracture numérique est plus subtile et moins apparente chez les jeunes que chez les adultes.  Ce qui fait la différence se mesure moins en termes d’accès à Internet qu’en termes de pratiques.  Pour pouvoir comprendre ces nuances, il faut distinguer la qualité de l’accès, la forme de l’engagement et les modes d’usage.

Un jeune qui possède une connexion à haut débit dans sa chambre a un autre rapport à Internet qu’un de ses copains qui emprunte l’ordinateur d’un parent ou fréquente un cybercafé… L’utilisation pertinente et maitrisée des TIC suppose qu’on possède des connaissances et compétences cognitives qui ne vont pas de soi.  Les inégalités numériques se superposent alors à des inégalités plus classiques :  sociales, économiques, culturelles.

Une autre inégalité plus subtile encore est que leurs pratiques limitées d’Internet peut les laisser pour compte sur le marché de l’emploi alors qu’ils sont parfaitement insérés socialement…

Cette complexité de la fracture numérique chez les jeunes entraîne les auteurs à parler davantage de “zones de fracture numérique”.

Du côté des acteurs de terrain, on constate que la fracture numérique des jeunes ne fait pas partie des priorités.  Les jeunes totalement offline étant rarissimes, les situations de fracture numériques sont subtiles et concernent très peu de jeunes à la fois : on parle de “situation de quasi-déconnexion”.

Les facteurs de ces situations sont nombreux et varient selon les individus, mais on peut toutefois dégager des tendances lourdes :

déconnexion de parents,

problèmes familiaux,

marginalisation,

qualité ou organisation du logement,

handicap physique ou mental,

barrières culturelles,

mise à l’écart de la société (hôpital, prison, etc.).

Ces situations n’expliquent pas tout, car certains jeunes les vivent tout en étant pleinement connectés…  On est donc loin d’un fantasme de déterminisme social…  Si la pauvreté joue un certain rôle, les structures familiales, le niveau d’éducation et le milieu culturel pèsent davantage sur l’e-exclusion des jeunes.

Usage, non-usage et déconnexion

Lorsqu’on examine les usages d’Internet des jeunes, un constat s’impose : la majorité d’entre eux se limitent aux pratiques de base : communication via messagerie instantanée, emails ou téléchargement de films ou de musique.  L’utilisation de services commerciaux et/ou administratifs est nettement plus faible.

Autre surprise : si les services de bases sont utilisés partout à la même fréquence, il existe une forte disparité régionale dans l’utilisation des services spécialisés :

lecture de journaux en ligne : 24% en Flandre, 21% à Bruxelles, 14% en Wallonie.

envoi et réception de courrier électronique : 91% en Flandre, 82% à Bruxelles, 76% en Wallonie

recherche d’information sur les biens et services : 76% en Flandre, 57% à Bruxelles, 58% en Wallonie

Mauvaise nouvelle pour la presse : alors que le format papier connait une chute vertigineuse de ses ventes, la relève numérique est loin d’être assurée…

La comparaison avec les pays voisins est encore plus marquée.

Les jeunes Belges achètent peu sur Internet : 70 % des filles de 16-25 ans n’ont jamais rien acheté en ligne pour 64% des garçons…  Soit un total de 67%, comparé aux 25% des Allemands, 44% des Français, 41% des Luxembourgeois ou 27% des Néerlandais.  Voilà qui relativise également nos idées sur le marketing on line…

Une enquête de la Jeugd Onderzoeks Platform de 2006 montre que l’activité Internet des 16-24 ans se concentre essentiellement sur 4 “fonctions” :

la détente (téléchargement de musique et vidéo, jeux, blogs, etc.) qui concerne surtout les garçons les plus jeunes ou les moins qualifiés;

l’information (sites culturels, presse en ligne, sites touristiques, de sports, de variété, etc.)  qui est le fait des garçons les plus âgés, les mieux instruits et dont les parents travaillent;

la communication (messagerie classique et instantanée, téléchargement musique et vidéo, etc.) est préférée par les plus jeunes, au niveau d’instruction plus faible, dont les parents travaillent;

la commerciale (enchères, vente et achat en ligne, sites bancaires, recherche d’emploi, etc.)  est associée à une conjonction de facteurs  : âge, niveau d’instruction du jeune et de ses parents.

Les compétences numériques des jeunes

Une des idées reçues les plus bousculées par ces enquête est la conviction que les jeunes ont un niveau élevé de familiarité avec les NTIC et Internet en particulier.

L’enquête révèle que 36% à peine des jeunes interrogés sont capables de réaliser des tâches élémentaires sur Internet !!!

Ici aussi les disparités régionales sont très marquées mais, souvent à l’avantage des jeunes wallons :

gérer un blog personnel : Wallons 35%, Bruxellois 19%, Flamands, 11%;

protéger son ordinateur contre les virus : Wallons 46%, Bruxellois 45%, Flamands 36%;

poster un message sur un chatroom ou un forum : wallons 65%, Bruxellois 56%, Flamands 45%;

échanger des fichiers en P2P (films, musiques, jeux…) : Wallons 37%, Bruxellois 30%; Flamands 22%.

Ce qui relativise pour le moins l’image du jeune passant ses journées à pirater des films ou de la musique !!!

Si on compare les compétences des jeunes 16-24 ans avec celles des autres tranches d’âge, les jeunes sont à peine plus performants que les 25-34 ans pour l’ensemble des tâches de base sur Internet.  La différence se marque surtout pour le chat, l’échange de fichiers et les blogs, toutes activités très connotées “jeunes”.

Une fraction importante des jeunes estime que leurs capacités informatiques sont insuffisantes pour affronter les exigences du marché de l’emploi 33%.

Beaucoup  déclarent aussi avoir acquis leurs compétences informatiques dans des réseaux informels plutôt qu’à l’école ou dans des centres de formation.  Les disparités régionales sont également très importantes à cet égard, puisque 70% des jeunes Flamands affirment avoir appris l’informatique à l’école, contre 54% des Wallons et 41% des Bruxellois.  Cette différence pourrait s’expliquer par la meilleure intégration de l’informatique à l’école en Flandre et au décrochage scolaire important en Wallonie…

On peut dire, pour résumer, que ce qui distingue les pratiques Internet des jeunes de celles des adultes, est l’importance de l’affirmation identitaire et de la socialisation, à travers médias sociaux et autres messageries.

Ils sont également beaucoup plus à même de réguler leur présence en ligne que l’on ne le croit généralement.  Ainsi, chez les 16-19 ans l’abandon volontaire d’Internet représente la moitié des situations de non-connexion…

Mais si les jeunes réalisent leurs recherches sur Internet plus rapidement que leurs aînés, ils consacrent aussi beaucoup moins de temps à vérifier et critiquer l’information récoltée.  Ils recherchent plutôt des réponses spécifiques qu’une interprétation de l’information.

Les conclusions des observateurs sont préoccupantes : ils estiment que l’élargissement des capacités techologiques ne va pas de pair avec une meilleure maîtrise de l’information.  Il leur manque le “bagage critique nécessaire pour interpréter, comprendre, évaluer et gérer cette information”.

Un autre problème détecté est que les normes utilisées pour mesurer les compétences Internet des jeunes sont en décalage avec leurs pratiques.

La formation est aussi en décalage avec les attentes des jeunes : celles-ci sont souvent proposées en groupe alors que les jeunes considèrent l’informatique comme une activité individuelle.  Pour eux, c’est d’abord une expression de soi, comme l’écriture pour leurs aînés…

Plus grave, les acteurs de terrain estiment que l’école et les institutions responsables du bien-être des jeunes ont une perception faussée des compétences réelles des jeunes en matière de nouvelles technologies et donc formulent des attentes disproportionnées ou décalées à leur égard.  Les travailleurs de l’aide à la jeunesse sont eux-mêmes peu formés à ces techniques.

Il manque donc une passerelle entre les jeunes, l’école, les institutions et le monde du travail.  Des jeunes hypercompétents dans des jeux en ligne sont complètement démunis devant un formulaire d’une agence d’interim ou un horaire de transport en commun.  Les concepteurs de sites ne tiennent pas compte de ces spécificités du public jeune et passent donc à côté de réelles opportunités de communication.

Conclusion

Il vaut sans doute mieux parler de décalage que d’exclusion d’Internet des jeunes.  Décalage entre leur culture et leurs pratiques et les attentes des écoles, des institutions et des entreprises.

Les jeunes en quasi-déconnexion se caractérisent surtout pas un usage limité d’Internet.  Ils ne sont pas capables de sortir de cet univers “e-culturel” et de franchir le chemin vers la société de l’information qui résulte de choix économiques et politiques.

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