Couleurs et images en mindmapping : la puissance de la synesthésie

Pourquoi utiliser de la couleur et des images dans les cartes mentales ? Pour faire joli ? Pour attirer le regard ? Non : pour solliciter différentes zones du cerveau et donc mieux comprendre. Et mieux mémoriser. Une utilisation de la synesthésie déjà connue des Grecs anciens. Mais que nous redécouvrons avec l'usage du mindmapping.

Pourquoi utiliser des couleurs et des images en mindmapping ?  Juste pour faire joli ?  Pour attirer le regard ?  En réalité, cet usage des couleurs et des images fait appel à une des facultés les plus puissantes du cerveau humain : l’association.  Et surtout, la synesthésie, c’est-à-dire l’association de plusieurs perceptions sensorielles différentes.  Explications.

Passionné d’outils visuels en général et de mindmapping en particulier, je surfe sans fin à la recherche de nouvelles cartes, de nouveaux exemples, de sources d’inspiration renouvelée.

Et souvent, je “trébuche” sur des cartes sans relief, sans couleur, sans image.  Parfois même, ces images ternes font l’objet de revendications, d’affirmations du genre : “je ne veux pas des conneries hippies à la Tony Buzan !”

Mindmap réalisée avec XMind sans couleurs, ni épaisseur des branches
Avant la mise en forme XMind

Or, si l’aspect “starisation” du personnage Tony Buzan me paraît aussi excessive qu’à la plupart des lecteurs francophones, il faut quand même rendre justice à celui qui a inventé le concept de “mindmapping“.

Une technique héritée de la Grèce antique

Tony Buzan a raison.  L’utilisation de plusieurs canaux sensoriels en même temps afin de renforcer la compréhension et la mémorisation est utilisée depuis plus de 2.000 ans.   Elle fait même partie du fonctionnement de base de notre mémoire.

Dans son livre “Aventures au coeur de la mémoire“, Joshua Foer nous raconte comment les participants au championnat du monde de la mémoire arrivent à mémoriser des quantités d’informations par de simples associations : association d’une image bizarre, grotesque avec un mot ou un nombre.  Placé dans un endroit particulier, bien connu du champion, selon la technique millénaire du “Palais de mémoire“.

Ca  ne vous rappelle rien ?  Regardez la carte ci-dessus : les différents mots-clés sont placés selon une disposition spatiale particulière.  Cela reflète bien la structure des trois types d’attention : sélective, exécutive et soutenue (j’y reviendrai dans un autre billet).  C’est déjà une utilisation de l’espace qui rappelle le principe des palais de mémoire : chaque mot se trouve à un endroit précis de la carte.

Les trois branches dans trois zones différentes et la hiérarchisation des mots-clés selon leur distance relative par rapport à l’idée centrale facilitent déjà la compréhension.  Et donc, à la mémorisation, car on retient mieux ce que l’on comprend.

Les branches forment des “liens” entre les mots : c’est une autre façon de comprendre et de mémoriser les concepts.

L’apport du cerveau droit et de la synesthésie

Regardez maintenant la carte ci-dessous.  C’est la même.  Mais j’y ai appliqué les principes énoncés par  Tony Buzan.  A l’utilisation de branches et de mots-clés, j’ai ajouté celle des couleurs, des images et d’un lien supplémentaire sous forme de flèche. (Cliquez sur la carte pour la visionner et la télécharger depuis le groupe “Mindmaps francophones” sur Biggerplate).

Mindmap réalisée avec le logiciel gratuit de mindmapping XMind - utilisation des couleurs, des images, etc.
Après la mise en forme XMind

Grâce à la couleur, la distinction entre les concept est plus aisée : en rouge, tout ce qui se rapporte à l’attention sélective.  En bleu, tout ce qui concerne l’attention exécutive et en vert tout ce qui est relatif à l’attention soutenue.

La flèche en bleu foncé à la droite montre clairement le lien supplémentaire entre certains processus mentaux de l’attention exécutive associés à la sélection des informations sensorielles.  Dans certains cas, nos processus mentaux sont directement liés à ce que nous percevons du monde autour de nous.  Dans d’autres non : si nous rêvons de vacances à la plage pendant le cours de mathématiques, ce processus mental ne dépend en rien de la voix du professeurs qui aborde les équations à deux inconnues du premier degré…

Enfin, les images viennent renforcer la compréhension.   Et la mémorisation.  Si vous réactivez votre carte – en la relisant, en la recréant, en suivant les branches avec vos doigts, en réfléchissant à la signification de chaque mot-clé et à son association, vous aurez plus de chances d’en mémoriser le contenu à long terme.

Solliciter différentes zones du cerveau

Aussi bien les champions de la mémoire – les actuels comme ceux de l’Antiquité – que les neurosciences nous montrent qu’il vaut mieux solliciter plusieurs canaux sensoriels afin de comprendre et de mémoriser.

Lorsque nous associons couleurs, images, mots-clé et positions dans l’espace, nous sollicitons des types de neurones différents, établis dans des zones différentes de notre cerveau.  De ce fait, nous créons de nouveaux liens entre ces différents neurones.  Cela renforce notre mémorisation.  Nous nous approprions mieux et pour plus lontemps une expérience qui a sollicité plusieurs sens.

Les images “hippies” de Tony Buzan remplissent la même fonction : plus elles sont grotesques, plus nous avons de chances de les retenir.  Car nous ne nous souvenons bien que de ce qui ressort du flux quotidien de nos expériences.

Un exemple ?  Entre 1905 et 2012, il a gelé suffisamment 15 fois pour organiser la plus célèbre course en patins à glace hollandaise : la Elfstedentocht.   Mais tous les Néerlandais de plus de 65 ans vous diront qu’à leur époque, les hivers étaient très rigoureux, il neigeait et gelait en permanence.  Oui.  15 fois en 107 ans !  Mais ce sont ces 15 fois-là que les vieux ont retenues.  Pas les 92 autres hivers sans gel profond…

Faites en sorte que vos mindmaps soient aussi mémorables que des hivers rigoureux ou des étés torrides : mettez-y de la couleur et des images !

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20 commentaires

  1. Les synesthésies sont des correspondances sensorielles involontaires et automatiques. Certaines personnes “voient la musique”, perçoivent les lettres et les chiffres en couleurs, d’autres ont spontanément des “pensées imagées” (voir : http://synestheorie.fr/synesthesie/heuresthesie-mozart-einstein-feynman/)

    Le Laboratoire de Synesthéorie envisage notamment d’étudier les connexions possibles entre ces processus de pensée naturels et le vaste univers du Mind Mapping. Il est possible en effet de se demander si les représentations de données produites par les techniques numériques ne correspondraient pas en fait à une “imitation” d’un processus mental normal mais inaccessible pour la plupart d’entre nous. Les synesthésies se situent à l’interface entre le monde réel et la sémantique, la symbolique qui nous permettent son interprétation. Et le Mind Mapping aussi…

    J’espère vous retrouver nombreux pour échanger sur ces questions le 21 septembre au soir.

    A bientôt,

    Vincent Mignerot.

  2. Bonjour,

    J’ai le plaisir de vous informer du lancement du Laboratoire virtuel de
    Synesthéorie.

    Accessible depuis tout ordinateur, ce “bureau numérique” aura pour
    objectif de faciliter les rencontres, l’échange et le travail sur les
    synesthésies et d’estimer de leur intérêt pour les nouvelles
    technologies.

    Vous trouverez plus d’informations en suivant le lien ci-dessous, ainsi que les
    consignes pour accéder au laboratoire.

    Au plaisir de vous y retrouver nombreux pour son inauguration, le 21 septembre à 21 heures !

    Vincent Mignerot.

    http://synestheorie.fr/2012/09/04/lancement-laboratoire-virtuel/

  3. […] Couleurs et images en mindmapping : la puissance de la synesthésie christianroy.tumblr.com • Une carte mentale pour préparer une présentation Suite à un stage donné au mois de février, je mets en ligne le support de mon intervention. Je ne propose aucun remède miracle et je ne prétends pas non plus que les cartes mentales sont la solution à tous les problèmes mais qu’il faut expérimenter davantage et que la faculté à progresser dans le domaine ne peut se réaliser qu’après des heures de pratique. […]

  4. […] Couleurs et images en mindmapping : la puissance de la synesthésie « Trouve ta voie ! Dans son livre “ Aventures au coeur de la mémoire “, Joshua Foer nous raconte comment les participants au championnat du monde de la mémoire arrivent à mémoriser des quantités d’informations par de simples associations : association d’une image bizarre, grotesque avec un mot ou un nombre. Placé dans un endroit particulier, bien connu du champion, selon la technique millénaire du “ Palais de mémoire “. Tony Buzan a raison. […]

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  6. Merci beaucoup pour cet excellent article. C’est une question qui est souvent posée en formation. Pourquoi dois-je utiliser des couleurs et des images ? C’est pourquoi je passe toujours un moment à expliquer l’importance des images dans la mémorisation. Ton article va me donner un exemple supplémentaire 😉 Je partage !

    • Merci pour ce commentaire enthousiaste, Cindy. Au plaisir de te rencontrer ailleurs que sur la toile, un de ces jours 😉

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