Interactivité définition en formation présentielle ou en ligne

Interactivité définition pour la formation, qu’elle soit présentielle, en ligne ou hybride : on en parle beaucoup, mais les définitions sont souvent floues ou incomplètes quand elles ne brillent pas par leur absence. J’ai donc mené ma petite recherche. Et je vous livre les résultats de mes cogitations.

Qu’est-ce que l’interactivité en formation ?

Comme souvent, lorsque j’interroge un mot, je retourne vers le dictionnaire.

Interactivité définition par le Robert en ligne

nom féminin
Activité de dialogue entre l’utilisateur d’un système informatique et la machine, par l’écran.

Personnellement, je trouve ça un peu maigre, pas vous ?

C’est d’ailleurs la définition fréquemment adoptée par ceux qui veulent vous vendre des systèmes qui “engagent vos apprenants”.

Interactivité définition comme rapport humain-machine exclusivement
Interactivité limitée au rapport humain-machine

Je me suis donc tourné vers une autre source :

Interactivité définition de Wikipedia

L’encyclopédie collaborative en ligne me dit ceci :

L’interactivité est une activité nécessitant la coopération de plusieurs êtres ou systèmes, naturels ou artificiels, qui agissent en ajustant leur comportement.

Elle est souvent associée aux technologies permettant des échanges homme-machine. Toutefois, l’interactivité est présente dans toutes les formes de communication et d’échange où la conduite et le déroulement de la situation sont liées à des processus de rétroaction, de collaboration, de coopération entre les acteurs qui produisent ainsi un contenu, réalisent un objectif, ou plus simplement modifient et adaptent leur comportement. Une communication interactive s’oppose à une communication à sens unique, sans réaction du destinataire, sans rétroaction.

Faut-il le dire ?

Je préfère de loin cette deuxième définition.

L’interactivité comme fondement de l’éducation ?

La première définition correspond bien à la matrice idéologique de notre société technocratique : des activités de dialogue homme-machine à travers un écran.

C’est généralement cette définition, très restrictive, de l’interactivité qui est retenue dans le monde des nouvelles technologies. Et, ce qui m’inquiète plus : dans le monde de la formation, numérique ou non.

Et je suis le premier à l’utiliser dans mes formations en ligne ou hybrides. J’aime les exercices interactifs, ceux où l’apprenant ne se contente pas de regarder la vidéo, mais dans lesquels il doit interagir avec les questions posées dans la vidéo. J’adore travailler avec Kahoot. Je suis le premier à intégrer des infographies ou des images interactives Genially dans mes formations. Et je ne vous parle même pas de H5P et de toutes les applications d’exercices que ce site propose.

Mais alors, qu’est-ce qui me pose problème ?

C’est cette focalisation sur le rapport homme-machine qui me gêne. Ne parlons même pas du fait qu’on ne parle que d’homme dans cette relation avec la machine. Apparemment, la femme en est exclue d’office.

C’est l’exclusion de tous les autres rapports qui me pose problème !

Relisons le premier paragraphe :

L’interactivité est une activité nécessitant la coopération de plusieurs êtres ou systèmes, naturels ou artificiels, qui agissent en ajustant leur comportement.

L’interactivité est une activité nécessitant la coopération de plusieurs êtres ou systèmes, naturels ou artificiels. Là, on a déjà passablement élargi le champ des possibles.

Il y a plusieurs acteurs et ils coopèrent. Et ils ajustent leurs comportements.

Autrement dit : ils travaillent ensemble, échangent de l’information et modifient leurs comportements en fonction de cette information échangée.

Relisons le deuxième paragraphe :

[…] l’interactivité est présente dans toutes les formes de communication et d’échange où la conduite et le déroulement de la situation sont liées à des processus de rétroaction, de collaboration, de coopération entre les acteurs qui produisent ainsi un contenu, réalisent un objectif, ou plus simplement modifient et adaptent leur comportement.

Il y a donc interactivité dans toutes les formes de communication et d’échanges dans lesquels :

  • on constate des processus de rétroaction (je reçois une information qui modifie mon comportement)
  • fondés sur la collaboration
  • dans lesquels les acteurs coopèrent
  • à travers lesquels, ces acteurs :
    • produisent un contenu
    • réalisent un objectif
    • modifient ou adaptent leurs comportements
Exemple d'interactivité au sens large : le professeur qui pose une question, l'élève qui répond, le professeur qui corrige ou ajuste s'il y a lieu.

Enfin, relisons la dernière phrase de cette définition de l’interactivité :

Une communication interactive s’oppose à une communication à sens unique, sans réaction du destinataire, sans rétroaction.

Cette interactivité s’oppose à une communication à sens unique, sans réaction.

Définition de l’interactivité : tous les ingrédients d’une bonne formation

En relisant tout ceci, j’ai l’impression qu’on tient une bonne définition des ingrédients d’une formation digne de ce nom.

Des acteurs — formateurs et apprenants — qui coopèrent, échangent de l’information et adaptent leurs comportements en vue d’un objectif ou d’une production.

Qu’est-ce que j’attends d’une formation ?

Des échanges avec le formateur et les autres participants, afin d’obtenir l’information dont j’ai besoin pour :

  • obtenir de nouvelles connaissances
  • acquérir de nouvelles compétences
  • modifier mes attitudes envers certaines situations
  • produire un mémoire, une thèse, un projet, un chef-d’œuvre — qui attestera de la réalité de cette modification dans mes comportements
  • et dans l’acquisition d’un certificat ou d’un diplôme ou d’une série de badges qui prouveront l’acquisition de mes connaissances et compétences

Ma définition de l’interactivité

Vous l’aurez compris, ma définition de l’interactivité, ce n’est pas un simple rapport de l’apprenant avec sa machine.

C’est une série de relations complexes, non seulement avec le formateur, mais aussi avec les autres apprenants.

Et avec moi-même. Si on m’a donné l’occasion de réfléchir à :

  • ma situation initiale
  • ma progression
  • ce que j’ai appris
  • mes façons d’apprendre
  • comment je vais transférer ces nouvelles compétences dans un autre contexte (personnel ou professionnel)

Autrement dit, si on m’a donné des opportunités de pratiquer la métacognition.

Mais, ça, c’est une autre histoire et nous en reparlerons dans un autre article 😉

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