Continuons notre inventaire des nuisances du chiffre 1 dans l’entreprise !
(Si vous avez raté le premier article de la série, cliquez ici).
Si vous avez lu le premier article et que vous êtes un tantinet observateur, vous constaterez que la mindmap a un peu gonflé. Eh oui, j’ai ajouté deux dangers supplémentaires. Je ne prétends pas à l’exhaustivité, mais j’essaie quand même d’attirer votre attention sur un maximum de points qui peuvent s’avérer dangereux. J’ai commis certaines de ces erreurs dans le passé et je vous fais donc profiter de mon expérience. (Cliquez dessus pour visualiser ou obtenir une copie PDF gratuite) :
Quatrième danger : un seul fournisseur
Vos affaires se développent bien, vous avez une multitudes de clients, vous vendez énormément et vous avez un fournisseur en or qui vous livre en un temps record et vous accorde de généreux délais de paiement.
Magnifique.
Pour corser le tout, vous venez d’obtenir LA grosse commande qui va donner un nouvel élan à votre business. Superbe, non ?
Seulement voilà, votre fournisseur unique, si généreux dans ses délais de paiement, qui vous accorde de si plantureuses ristournes, vient d’être déclaré en faillite, tout son stock est saisi… Vous ne savez pas livrer votre nouveau client…
Ou bien encore, le camion de votre unique fournisseur italien est bloqué quelque part entre le Saint-Gothard et Paris, par une de ces grèves générales brutales dont les Français ont le secret.
Ou bien votre unique fournisseur haïtien est enseveli sous les décombres du dernier tremblement de terre.
Ou bien, il est tout simplement occupé lui aussi avec de grosses commandes et pour la première fois depuis le début de vos relations, il ne peut vous livrer à temps.
Dans tous les cas, bye bye business !
Ayez plusieurs fournisseurs. Mettez-les en concurrence pour obtenir de meilleurs prix ou des délais plus confortables (que ce soit pour la livraison ou le paiement). Ne soyez jamais à la merci du bon vouloir ou de la disponibilité d’une seule personne ou d’une seule entreprise. Vos clients ne comprendront pas pourquoi, subitement, vous ne pouvez livrer à temps alors que jusque-là ils pouvaient compter sur vous. C’est encore pire dans le business to business : votre client attend votre produit ou service pour livrer son propre client. Si vous rompez la chaîne, vous le ferez une fois. Pas deux.
De plus, si vous avez un seul fournisseur, votre gamme de produits sera forcément réduite. En ayant plusieurs fournisseurs, vous assurez un plus grand choix à vos clients qui vous en seront reconnaissants.
Dernière précision qui vaut son pesant d’or : ne signez jamais une clause d’exclusivité qui vous lie à un seul fournisseur. Vous vous livrez poings et pieds liés aux caprices d’une entreprise qui va vous coûter plus cher qu’une maîtresse…
Cinquième danger : une seule tête pensante à bord
Vous êtes indépendant, vous aimez prendre les décisions seul et assumer pleinement la responsabilité de vos choix. Et vous ne supportez pas que Pierre, Paul ou Jacques viennent mettre leur grand nez dans vos affaires et vous disent comment vous devez exercer votre métier.
Je ne peux vous donner tort : c’est exactement mon profil !
Mais cette position peut s’avérer dangereuse si elle est poussée dans ses derniers retranchements : car à un moment donné, nous sommes tellement plongés dans notre business que nous n’avons plus de recul. Nous avançons au jour le jour, en tentant de répondre au mieux aux exigeances – parfois pas piquées des vers ! – de nos clients.
Et nous perdons de vue non seulement les objectifs que nous nous sommes donnés, mais si nous ne sommes plus attentifs au marché et à ses évolutions, nous allons rater des opportunités.
La solitude du manager, ce n’est pas qu’un magnifique roman de Manuel Vasquez Montalban (que je vous recommande chaudement), c’est aussi une réalité quotidienne parfois difficile à assumer pour qui se trouve à la tête d’une entreprise. Entourez-vous d’amis sincères qui ne passeront pas leur temps à vous encenser, mais qui pointeront aussi du doigt vos incohérences ou vos erreurs. Fréquentez d’autres chefs d’entreprises. Participez à des réseaux où on échange des tuyaux, des idées, des points de vue.
De cette façon, vous enrichirez votre palette de talents et vous gagnerez en notoriété dans les cercles de professionnels. Vous pourrez aussi glâner à l’occasion l’une ou l’autre bonne idée qui deviendra votre prochain produit phare ou le service qui boostera votre entreprise pour les deux ans à venir…
Vouloir tout assumer, c’est aussi le meilleur moyen d’en arriver au burn out, cet épuisement ultime de vos ressources morales et physique. Déléguez, sous-traitez, prenez conseil. Vous aurez d’autant plus de temps pour vous concentrer sur l’essentiel.
Sixième danger : une seule banque
Même situation que pour le client et le fournisseur : ne vous mettez jamais à la merci d’une institution unique. Ici aussi, faites jouer la concurrence. Même si votre banquier est votre partenaire (il devrait l’être en tout cas…) vous n’êtes pas marié(e) avec lui (elle) et donc vous pouvez aller voir ailleurs si on ne vous propose pas un meilleur taux ou une solution bancaire mieux adaptée à votre situation. Avoir plusieurs avis financiers peut aussi être un atout.
Ici aussi, mettez-les en concurrence : on vous offre du 5 % chez Truc, mais peut-être Machin est-il prêt à vous offrir le même produit à du 4,25 %. Ca ne parait pas grand chose, mais sur 10 ou 15 ans, cela peut se chiffrer en milliers d’euros…
Choisissez aussi des banques ou des agences qui connaissent le monde des affaires : certaines sont très bonnes pour gérer le compte-épargne de Tante Yvonne, mais pratiquent le crédit de caisse du bout des lèvres… Ici comme ailleurs, faites votre petit marché, comparez les offres et restez maître de vos choix…
Septième danger : un seul concurrent
Ou pire encore : pas de concurrent du tout !
Quoi ? Mais pas de concurrent, c’est la situation idéale ! On fait ce qu’on veut, on fixe les prix comme on veut, c’est le monopôle !
Détrompez-vous : vous n’êtes ni une multinationale, ni une entreprise nationale récemment privatisée ? Alors, regardez autour de vous : si vous n’avez pas de concurrent ou un seul, c’est mauvais signe. Cela veut peut-être dire qu’il n’y a pas de marché du tout et que les concurrents potentiels ont déjà abandonné la partie parce qu’il n’y a rien à gagner : pas de clients, autrement dit…
Ou bien, au contraire, vous arrivez trop tôt sur un marché où il n’y a encore personne. Ca peut être une opportunité : vous êtes le premier sur la balle ! Mais ça peut-être une situation difficile aussi, surtout si vous êtes une nouvelle entreprise qui débarque sur un nouveau marché avec un nouveau produit… Vos chances de réussite sont quasiment nulles. L’histoire économique regorge de gens qui ont eu raison trop tôt : ils sont arrivés avec un produit ou un service à une époque où cela n’intéressait encore personne. Ou bien personne ne comprenait encore quel était l’intérêt de ce produit. Apple a connu ce phénomène en 1993 avec un PDA qui s’appelait Newton. C’était un produit révolutionnaire qui proposait déjà presque tout ce qu’un iPhone peut offrir. Et ce fut un flop magistral. Pour Apple, ce n’était pas trop grave : c’était un produit parmi d’autres (vous vous souvenez : pas un seul produit !) et Apple avait les reins suffisamment solides du point de vue financier pour absorber le choc. Mais vous ? Si vous êtes une petite entreprise ou une start up, vous ne pourrez pas vous permettre ce genre d’erreur deux fois…
Huitième danger : être le numéro 1 de son secteur
– Quoi ? Cette fois, vous exagérez : être le leader du marché, c’est un danger ?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. C’est évidemment le rêve de tout entrepreneur sérieux que de devenir le numéro un dans son secteur, vous ne croyez pas ?
Mais cela comporte un certain risque : celui de s’endormir sur ses lauriers. D’être autosatisfait. De ne plus être attentif aux évolutions du marché. De ne plus être aussi créatif ni agressif sur le marché. Et donc de se faire dépasser par de jeunes loups qui “n’en veulent ” comme disaient les Deschiens…
Prenez Microsoft : ils ont été numéro 1 et Bill Gates est devenu l’homme le plus riche du monde. Il y a seulement quelques années, la multinationale de Redmont regardait de haut les autorités européennes qui la mettaient en garde pour “abus de position dominante”.
A présent, elle est dépassée sur sa gauche par Google, sur sa droite par Apple et ses iPad, iPod tandis que FaceBook et Twitter se partagent le gâteau des médias sociaux que personne n’a vu venir chez Microsoft. Aujourd’hui, Microsoft abandonne le blogging et vient de signer un accord avec WordPress (sur lequel le blog que vous lisez en ce moment est publié) : une situation tout simplement impensable il y a seulement 5 ans.
Et une situation qui ne risque pas de s’arranger dans la mesure où les jeunes se dirigent surtout vers les solutions Apple du type smartphone et les médias sociaux… (voir à ce sujet mon article sur les jeunes et Apple)…
Vous voilà prévenus : superstitieux ou non, pragmatiques ou idéalistes, méfiez-vous du chiffre 1 si vous êtes chef d’entreprise ou futur businessman. Fuyez ce chiffre comme la peste… et portez-vous bien !
[…] This post was mentioned on Twitter by Marco Bertolini, Marco Bertolini. Marco Bertolini said: La malédiction du chiffre 1 en entreprise (2): http://wp.me/pK9xl-vB […]